mercredi 2 mai 2012

DEUX FRANCE

J - 4
Une réaction à chaud, alors que vient de se terminer le débat tant attendu entre les deux finalistes de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Nous nous en tiendrons à un seul sentiment, trés fort : ce ne sont pas deux hommes que nous avons entendus ce soir, mais deux France. Oublions les récitations, les bons ou mauvais mots, les piques et même les coups bas.
Ce que l’on retiendra, à notre avis, de ce débat, c’est la division du pays en deux parties. Il ne s’agit plus de fracture sociale, ni de disparités de revenus, ni d’idéologies mais plutôt de deux conceptions différentes de la société, du pacte social fissuré, du lien entre les citoyens défait, du vivre ensemble menacé. Cela n’avait jamais été autant visible, il y a aussi des frontières internes…
Pendant la campagne nous nous sommes laissés distraire, tromper, par les quelques rais de lumière ou éclats de voix venant des extrêmes et l’on n’a pas porté assez d’attention à la faille qui est en train de se constituer entre la grande masse des français. Nous ne pensons pas à la légitime compétition entre la droite et la gauche, ni aux pro ou antisarkozystes. Le schisme est plus profond.
Jamais, depuis très longtemps, l'on n'avait constaté un tel écart, un tel malentendu, entre les deux France.
Il y a celle qui récite le vieux catéchisme sur les droits (acquis ou à conquérir), le partage (du travail et des revenus), l’assistance (ou la compassion, si l’on préfère). C’est la France du toujours plus, celle d’hier.
Et il y a celle qui dit que le monde a changé, que la France n’est plus seule maitresse de son destin, qu'elle doit se battre pour continuer d’exister, que l’avenir n’est pas seulement au partage mais surtout à l’effort et que le moment est venu de payer la facture laissée par une génération qui a confondu générosité et imprévoyance. Ce sera la France de demain, celle de nos enfants et petits-enfants.
"Corneille peint les hommes comme ils devraient être et Racine les peint tels qu’ils sont"  disait La Bruyère. Il en va de même entre Sarkozy et Hollande s’agissant de la France. Hollande avait bien choisi son thème de campagne," le rêve ", et Sarkozy parle vrai quand il dit que " les français n’ont pas le droit à l’erreur ".
Le choix est grave. On peut évidemment critiquer la campagne, les médias, la classe politique. Mais le choix est clair. Jamais, depuis 1958, les français n’auront eu telle responsabilité entre les mains et ce qui arrivera, ils l’auront voulu.
Avant de choisir, voici quelques vers de La Fontaine. S’ils ne vous éclairent pas sur le fond, sur la forme, au moins, le style devrait plaire.

                                           On avait mis des gens au guet
                            Qui, voyant sur les eaux de loin certain objet
                                          Ne purent s’empêcher de dire
                                         Que c’était un puissant navire.    

                          Quelques moments après, l’objet devint brûlot
                                         Et puis nacelle, et puis ballot,
                                    Enfin bâtons flottants sur l’onde.
                                  J’en sais beaucoup, de par le monde,
                                       À qui ceci conviendrait bien :
                
De loin, c’est quelque chose ; et de près, ce n’est rien.

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