Grande
victoire pour Hollande ! C’est ce que ne manquera pas de déclarer "Libé" demain. Pourtant, le candidat lui-même est plus réservé.
Trop fin.
Mario Draghi, le président de la BCE, vient de déclarer
qu’il était favorable à un "Pacte de croissance" : « En
ce moment, ce qui domine à mes yeux, c’est d’avoir un pacte de
croissance ».
Donc
Hollande avait raison d’exiger la renégociation du traité européen de
discipline budgétaire (signé par 25 pays européens, dont la France) qui
contraint les Etats membres à réduire leurs déficits et qui prévoit des
sanctions contre les mauvais élèves. Super Mario vient de lui donner un
sacré coup de main.
Est-ce
si sûr ? Lui-même semble en douter, tellement il a le triomphe modeste. Il
s’est félicité de constater que "ses idées avançaient" et, surtout, que Mario
Draghi reconnaissait que "le pacte budgétaire devait être complété par un
pacte de croissance". Complété ? Regardons-y de plus près. D’abord
qu’a dit exactement super Mario ?
Qu’il
y a un pacte budgétaire. Il ne propose pas de le renégocier mais, plutôt, de
prendre une initiative séparée( !) sur la croissance.
Si
vous en avez le temps, nous vous proposons de relire ce que nous écrivions le
19 avril , à J - 17, dans " Questions pour un champion (suite) ", et plus précisément, la
12ème question sur l’Europe. Il se passe exactement ce que nous annoncions, y
compris sur le nom de "Pacte pour la croissance".
La
vérité est édifiante : personne en Europe n’est prêt à renégocier le
traité signé, déjà ratifié par deux pays et par d’autres dans les prochaines
semaines. Hollande devra en passer par là s’il veut son pacte de croissance et
ne pas prendre la responsabilité d’envoyer l’Europe dans le mur. Le "Pacte" lui- même, personne ne sait en quoi il consistera, ni
quelle forme il prendra, ni surtout de quel prix il faudra le payer. Car il
faut être attentif à la suite.
Hollande
n’a pas été le seul à réagir, redisons-le, de manière très prudente. Merkel
est, elle-même, rapidement intervenue : « Nous avons besoin de
croissance sous forme d’initiatives pérennes, pas juste de programmes de
conjoncture - qui creuseraient encore la dette publique ( à qui, diable,
peut-elle penser ?) – mais de
croissance comme Mario Draghi l’a dit aujourd’hui, sous forme de réformes
structurelles ».
C’est
quoi des réformes structurelles ? Que « les charges salariales ne
doivent pas être trop élevées, que les barrières sur le marché du travail
doivent être basses afin que chacun puisse trouver un emploi ».
Il
a vraiment dit ça, Mario ? Ben oui, la croissance, selon lui, ne passe pas
par la demande mais par des réformes structurelles (encore !) qui " heurtent de larges intérêts ", qui "font mal " et qui
doivent " faciliter l’entreprenariat, l’établissement de nouvelles
entreprises et la création d’emplois ".
Misère,
on dirait Sarkozy et son projet « d’accords de compétitivité emploi »
qu’il veut promouvoir par référendum. Des amis comme ça…
Mais ce n’est pas ce que
vous lirez dans « Libé » demain.
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