vendredi 20 avril 2012

HIER, C'EST MAINTENANT

J – 16
N’y a-t-il pas quelque chose qui vous interpelle dans le programme de Hollande : pouvez-vous citer une seule nouvelle réforme structurelle emblématique dont on parlera encore dans dix ans, dans cinq ans même ?
Tous les experts français et étrangers reconnaissent les réels atouts de la France, mais  constatent qu’ils sont gâchées par un dense maillage de rigidités, d’avantages acquis, de privilèges (il n’y a pas que les riches, chaque catégorie de français, ou presque, est assise sur ses propres privilèges).
Ecoutons l’OCDE qui vient de publier un rapport intitulé "Des réformes structurelles pour rééquilibrer la croissance et corriger les déséquilibres" : « Il est nécessaire de mener des réformes structurelles pour restaurer une croissance durable dans la zone euro. En l’absence de réformes, les perspectives de croissance à moyen terme sont faibles et l’augmentation de la productivité de la main d’œuvre risque de ralentir à l’avenir… Les mesures devraient porter sur un large éventail de domaines, dont la réglementation des marchés de produits, les institutions du marché du travail, les prestations sociales et les régimes fiscaux ».
Jusqu’à aujourd’hui tous les présidents élus arrivaient avec de grandes réformes structurelles dans leurs bagages. Pour ne parler que de la gauche, souvenez-vous de Mitterrand avec les nationalisations, les lois Auroux, les 39 heures, la cinquième semaine de congés payés…et de Jospin avec les 35 heures. Certes, ce n’étaient pas vraiment de bonnes idées et elles expliquent, pour la plupart, nos difficultés actuelles, mais c’étaient de vraies réformes structurelles.
Avec Hollande nous sommes à l’abri de toute dérive marxiste. Qui a dit : « Il faut d’abord une révolution qui transforme radialement les structures économiques et sociales ». Hollande ou Mélenchon ? Ni l’un, ni l’autre. C’est Karl Marx qui condamne le " socialisme d’Etat " car il ne croit pas que ce soit « avec des subventions que l’on transforme la société ». Il devait penser à Hollande… Lui, c’est des dépenses et des impôts.
Il y a bien eu l’annonce d’une grande révolution fiscale avec la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG. Mais, à la réflexion, c’est trop compliqué, trop de travail, trop de risques surtout. On en reparlera donc plus tard, comme la réforme des retraites sous Jospin !
On pourrait, en cherchant bien, trouver chez Hollande, quelques ersatz de réformes de fond, la banque d’investissement par exemple. Seulement, elle existe déjà et, avec un petit décret, on peut en élargir les compétences. Mais le problème est de trouver des entrepreneurs prêts à investir dans un tel environnement et capables de rembourser. Sinon, nous aurons un nouveau Crédit Lyonnais, cadeau (cher) des gouvernements Mitterrand.
Quant à la séparation des banques de dépôts et des banques d’affaires, tout le monde est d’accord pour revenir au principe du « Glass-Steagle Act » américain qui ne remonte jamais qu’à… 1933 ! La même règle existait en France jusqu’à ce qu’un ministre des finances ne libéralise le système bancaire et autorise les banques de dépôts à devenir également des banques d’affaires. C’était en 1984 et le ministre s’appelait...Jacques Delors (oui, le papa biologique de Martine et spirituel de François !).
Soyons justes, des réformes structurelles il va y en avoir, mais d’un genre un peu spécial : des réformes d’annulation de réformes (voici la palme d’or de l’oxymore !). Hollande va annuler la réforme territoriale, la TVA anti-délocalisation, la réforme des retraites, la réforme du pacte de stabilité européen…
On comprend maintenant la mine désolée de nos amis étrangers. La France ne veut pas voir le monde qui change et elle est engluée dans la nostalgie du passé.
Le rêve français, le vrai slogan de Hollande, c’est  « Hier, c’est maintenant ».

PS.  Il n’y a, bien entendu, aucun rapport avec ce qui précède mais l’information mérite d’être notée. Le 19 avril, la France s’est présentée sur les marchés financiers pour placer des emprunts. La demande a été forte, bien supérieure au montant qu’elle souhaitait placer, dix milliards d’euros. Les taux d’intérêt auxquels elle a placé ces fonds sont respectivement de 1,06% à 3 ans, de 1,83% à 5 ans et de  3,03% à 10 ans. Retenez bien ces chiffres, on verra si « Demain, c’est aujourd’hui ».

PS(bis). Hollande vient de déclarer qu’il souhaitait que les français souscrivent massivement aux emprunts de l’Etat, ce qui permettrait d’être moins dépendant de l’étranger (qui détient aujourd’hui les 2/3 de notre dette). Bonne idée mais « on attrape pas les mouches avec du vinaigre ». Voilà des mois qu’il vilipende le capital dont il veut augmenter la fiscalité, alors pourquoi les « riches » le feraient-ils ? Quant à l’épargne populaire, il va doubler les plafonds du livret A et du livret de développement durable(futur Livret épargne industrie) qui sont défiscalisés. De quoi absorber pendant de longues années l’épargne future. Pourquoi souscrire des obligations fortement soumises à l’impôt ? On ne sait pas où il prend ses idées mais si c’est auprès de son futur ministre des finances, il y a du souci à se faire !

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