samedi 7 avril 2012

ÉLÈVE BAYROU, AU PIQUET


J – 29
Nous n’aurons pas tenu longtemps avant de revenir aux chiffres, mais c’est à cause de Bayrou qui avoue lui-même, à propos du chiffrage de son programme par Sarkozy : « Je n’ai rien compris aux chiffres qu’il a donnés… il a dit :  " on a un déficit de 103 milliards, auquel on a ajouté 12 milliards de dépense nouvelles, cela fait 115 milliards. Il faut donc trouver 53  milliards". En tant que défenseur du calcul mental dans la politique française, je dis au Président de la République que s’il a un déficit de 115 milliards, il ne suffira pas de trouver 53  milliards … Ces chiffres sont à la portée du cours moyen 2ème année ».
Reconnaissons que les finances publiques ne sont pas naturellement limpides et que nos hommes politiques ne cherchent pas vraiment à être clairs. Mais lui, champion de la lutte contre les déficits, européen convaincu et député qui depuis des décennies, qui vote (ou ne vote pas) le budget, il n’a pas compris ? Il y a si longtemps que nous le payons pour comprendre…
Même s’il n’est pas logique de commenter un projet présidentiel en commençant par son financement (mais nous parlerons très bientôt des propositions de Nicolas Sarkozy), nous allons donner à Bayrou un petit cours particulier (dommage qu’il n’ait pas lu notre chronique du 4 avril sur " les engagements du candidat Sarkozy ", il aurait peut-être compris). Nous ne ferons pas compliqué : additions seulement.
Le chiffrage concerne à la fois le retour à l’équilibre budgétaire et le financement des nouvelles mesures. Nous avons déjà expliqué, le 4 Avril, les 115 Mds à trouver. Il convient maintenant d’y ajouter 9,5 Mds de mesures annoncées pendant la campagne, ce qui fait bien 124,5 Mds. OK ?
Sur ce total, 71 Mds concernent des mesures déjà votées et qui ont commencé d’être appliquées (par exemple : réforme des retraites,  poursuite de la réduction des effectifs de la fonction publique, tranche additionnelle de l’impôt sur le revenu, non indexation de l’ISF et de l’Impôt sur le revenu….).
Restent donc 53,5 Mds à formaliser.
40 Mds proviendront d’économies sur les dépenses publiques (26 sur le budget de l’Etat et des collectivités territoriales, 13 par des mesures de maîtrise des dépense de santé, 1 de réduction des dépenses de RSA).
13,5 Mds viendront de recettes nouvelles (par exemple : la taxe sur les transactions financières, l’imposition de grands groupes sur le bénéfice mondial consolidé, la hausse de la fiscalité sur les dividendes….).
Récapitulons : 71 + 53,5 (40 + 13,5) = 124,5. Le compte est bon et c’est bien sur ces bases que sera présentée à Bruxelles la nouvelle version de " La stratégie pluriannuelle des finances publiques de la France" qui engagera notre pays et que Hollande devra rectifier s’il arrive au pouvoir.
Vous aurez sûrement remarqué que si le PS ne s’est pas privé de critiquer Sarkozy sur ses choix budgétaires, sur la nature des économies proposées, sur le réalisme de certaines hypothèses, il ne s’est pas risqué sur le terrain de l’arithmétique. Pas plus que les journaux sérieux. Et si la droite tire à vue sur le financement du projet de Hollande ce n’est pas sur des arguments de calcul mental mais parce qu’il ne dit pas quelles économies budgétaires il décidera, ou qu’elle émet, à son tour, des réserves sur les hypothèses.
Difficile de croire que Bayrou aurait un problème avec les chiffres, quant à l’agrégé de lettres qu'il est, il doit savoir lire. Les blagounettes, il ferait mieux de les laisser à Hollande, qui est meilleur que lui. 
Dommage, parce que s’il avait voulu « taper » ses concurrents de droite et de gauche, il avait de quoi faire : comment croire à la croissance de 2 % par an de l’UMP et de 2,5 % du PS ? Comment fait-on pour limiter la croissance des dépense publiques à 0,40 % (Sarkozy) ou 1 % (Hollande) ? Pourquoi le projet de Hollande reste-t-il muet sur les économies budgétaires qu’il devra faire pour tenir ses engagements ?
Quel beau sujet pour lui : la France qui va dans le mur parce que les deux principaux candidats racontent des balivernes aux français. Mais il a choisi de retourner en primaire. Les sondages ont raison, il ne mérite pas la moyenne, il aura moins de 10 !
Reste le vrai sujet, que se passera-t-il si les hypothèses de croissance et d’économies ne se réalisent pas. On oublie les engagements, ou on accroît la rigueur ?
Une piste peut-être, l’acceptation ou le refus de la règle d’or.


PS : Pour ceux qui souhaiteraient tous les détails, ils les trouveront sur ce lien :
http://www.u-m-p.org/sites/default/files/fichiers_joints/pages/programme_2012.pdf
Ce n’est pas la preuve que les chiffres sont justes (il s'agit du site du candidat Sarkozy) mais que le chiffrage est détaillé à la décimale près et que non seulement l’addition, mais aussi la soustraction sont maîtrisées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

http://agv-solferino2012.blogspot.fr/