dimanche 6 mai 2012

HOLLANDE PRÉSIDENT

Jour J
Nous avons failli titrer : « Sarkozy est battu ». Parce que c’est bien de cela dont il s’agissait, n’est-ce pas ? Un référendum pour ou contre Sarkozy…
Mais ce serait injuste pour Hollande. Il est élu, nettement (52% des voix) et il l’a mérité. Ce n’est pas faire injure à la France de gauche, qui a ce soir effacé l’humiliation de 2002 et qui a toutes les raisons d’être heureuse, que de noter que depuis la grande crise de 2008, Nicolas Sarkozy est le seul sortant à perdre dans l’honneur. Regardez les scores de Gordon Brown (GB), Socrates (Portugal), Zapatero (Espagne) et d’autres, la plupart socialistes, vous devrez reconnaitre qu’il a fait beaucoup mieux. Que Ségolène Royal même, qui pourtant n’avait pas eu à assumer l’impopularité du pouvoir en période de crise. C’est à méditer.
Ne mégotons pas. Ce soir Hollande est le président des français, il en a toute la légitimité, toute la responsabilité aussi. Sa parole sera celle de la France et ses résultats les nôtres. Alors souhaitons-lui bonne chance.
Pour en arriver là, de la chance, il lui y en aura fallu. Et de l’habileté aussi, pour terrasser successivement DSK, Aubry, Hulot (assassiné par les siens, ce qui aura permis au candidat socialiste de passer confortablement le premier tour) et Sarkozy. Chapeau ! Il vaut mieux un président malin et chanceux que l’inverse, car cela ne va pas être facile.
D’abord, parce que, comme son prédécesseur, il va partir avec un lourd handicap. Sarkozy aura traîné tout au long de son quinquennat le Fouquet’s et le yacht de Bolloré. Hollande risque de se voir rappeler sans cesse son inexpérience et que, candidat par défaut, il ne  fut élu président que par rejet.
Maintenant, il est au pied du mur (c’est là que l’on va voir le maçon) mais il va lui falloir se mouvoir avec deux cailloux dans les chaussures.
Premier caillou, la perte de son meilleur atout. Il a tout misé sur l’antisarkozysme mais maintenant il n’y a plus de Sarkozy. Il va lui falloir monter au filet et jouer ses propres coups. Et il ne pourra pas invoquer la crise puisque, parait-il, ce n’est pas la crise qui menaçait la France, c’était le président sortant. On veut bien lui laisser un peu de temps pour faire ses preuves mais il s’est, d’ors et déjà, privé de toute excuse pour l’avenir. D’autant qu’il va être le président qui aura pris, pour cette élection, des engagements que personne, dans aucun autre pays au monde, ne prendrait aujourd’hui. C’est son choix et impossible n’est pas français…
Second caillou, cette élection n’a pas guéri le socialisme français de sa maladie congénitale, cette incapacité à coordonner sa droite et sa gauche et à devenir un parti du temps présent. C’est même tout le contraire puisque, avec le bon résultat de Mélenchon, nous assistons à un retour en force de la gauche révolutionnaire. En France, le communisme, malgré Mitterrand, n’a jamais été éradiqué. Il faut s’interroger sur cette spécificité française qui en fait, le seul pays au monde (encore une fois !) dans lequel  cohabitent, simultanément et à haut niveau, les deux extrémismes qui ont marqué du sceau de l’inhumanité absolue le 20ème siècle, extrême droite et extrême gauche. Pour le plus grand profit de nos intellectuels et faiseurs d’opinion …
Une chose est sûre, l’élection de Hollande ne doit rien à un aggiornamento socialiste. C’est  donc un coup pour rien et la question de notre blog n’aura pas reçu sa réponse. Il faudra attendre encore cinq ans de plus pour savoir si le PS peut devenir une véritable force alternative de gouvernement et non un fusil à un coup pour chasser le sortant. Souvenons-nous que jamais un gouvernement socialiste n’a gagné une élection nationale lorsqu’il était au pouvoir. Il lui faut être soit dans l’opposition, soit en cohabitation, ce qui revient au même.
Le vrai défi et l’assurance d’un avenir en tant que parti de gouvernement, sera donc la réélection de Hollande, ou d’un autre socialiste, en 2017. La fin de la malédiction.
Sinon, il ne restera plus au PS qu’à repartir à la conquête de ses fiefs de province qu’il aura perdus pendant l’exercice du pouvoir. Le changement au PS n’est, sans doute, pas pour demain…
« Le peuple ne vous suivra que si vous incarnez une espérance » disait François Mitterrand.



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